Au revoir ma belle
Samedi 18 février, mon amour de jument a fermé ses yeux tout doucement. Elle est partie presque sereine.
Moi, j'y croyais encore.
J'y croyais quand je tenais sa tête dans mes bras, agenouillée près d'elle. Ma main sur son coeur. Je sentais qu'elle m'échappait lentement mais pour moi c'était la jument de tous les possibles.
Je me suis pourtant entendue dire oui au vétérinaire quand il m'a posé la question à laquelle je redoutais d'avoir à répondre un jour. J'ai réussi à prendre cette responsabilité et je sais que c'était la meilleure des solutions, puisque c'était la seule. Pourtant, j'ai du mal à assumer.
Les analyses de la semaine passée étaient encourageantes et on arrivait presque au printemps et à l'herbe verte.
Je sais que 26 ans, c'est vieux déjà pour un cheval mais je n'étais pas prête à ça.
Ceux que j'aime sont éternels.
Je suis immensément triste. Elle était arrivée dans ma vie quand elle avait 2 ans. Elle en avait 26. C'est mon premier Amour, mon premier bébé. Tant d'années qui disparaissent avec elle. Des souvenirs, des émotions, des confidences et des promesses de Toujours.
Je m'en fous de ce que pensent les gens, que c'est un animal, qu'elle a bien vécu, qu'elle était vieille, qu'il y a des gens bien plus malheureux. C'est pas une raison. D'ailleurs, la raison n'existe pas.
Je sais Ursuline que tu es au Paradis des chevaux s'il y en a un. Je t'écris ici parce que je ne sais pas si tu m'entends de quelque part. Je ne sais pas où tu es maintenant. Je sais seulement que tu m'as laissé un grand vide. J'espère avoir toujours fait ce qu'il a fallu pour toi comme tu m'as toujours donné ce que tu pouvais, sans ciller et avec courage. Plusieurs fois j'ai failli te perdre et cette fois, ça y est, c'est fait. J'ose croire qu'un jour on se retrouvera. Que toute cette histoire ne s'arrête pas là, dans ce coin d'herbage. Je planterai un arbre là où tu t'es endormie, pour que tu vives encore plein de printemps. Il me reste quelques photos, une mèche de tes crins, des souvenirs plein la tête et tu restes dans mon coeur. Et si, on ne se retrouve pas après, qu'il n'existe vraiment rien alors je saurai que ça ne sert à rien d'aimer.